De Québec, nous empruntons la rive gauche du fleuve Saint-Laurent par les routes 20 et 132. Le fleuve s'élargit jusqu'à rejoindre l'océan à Gaspé, l'extrême pointe de la région de la Gaspésie. Plus nous progressons, plus la région devient sauvage : les villes se font à taille humaine, les forêts profondes deviennent omniprésentes. A midi, nous prenons une pause le long du Saint-Laurent près de Cap Chat.
Nous entrons en fin d'après-midi dans le Parc National de la Gaspésie. La route pour y accéder devient un chemin forestier : bien entretenu et sans grosses pierres ni nid de poules, mais pas goudronné quand même. C'est le début du wilderness !
Wilderness tout relatif puisque le camping du Mont Albert, où nous nous établissons à l'intérieur du parc, possède tout le confort attendu : douches, laverie, emplacements de tente parfaitement délimités par de petits bosquets, foyer à barbecue privatif.
Le centre d'interprétation du parc organise chaque jour des activités. En cette fin d'après-midi, un naturaliste propose de commenter l'observation des orignaux depuis le point de vue du "Brûlé". L'activité a déjà commencé mais il est possible de s'y joindre en cours. Nous reprenons la voiture pour rejoindre le groupe à ce point de vue. Soudain, sur la piste, un jeune orignal surgit en face de nous au grand galop ! Nous réussissons à l'éviter et à nous arrêter dans un grand crissement de freins. Vu la masse de la bête, notre pauvre Pontiac, toute Grand Prix qu'elle soit, aurait subi de sérieux dommages si nous l'avions percuté. Une voiture suit de près l'orignal : c'est elle qui a dû le débusquer et le faire s'enfuir. L'orignal continue encore un peu sa course folle sur la route avant de rejoindre la forêt.
Une fois remis de nos émotions, nous repartons vers le point de vue. Lorsque nous arrivons, des touristes présents nous indiquent qu'ils attendent depuis plus d'une heure 30 mais qu'ils n'ont pas vu l'ombre d'une oreille d'orignal ! Dire que nous venons juste d'en croiser un. Nous restons au point de vue jusqu'au coucher du soleil mais n'apercevons plus d'animaux.
Le lendemain, nous partons de bonne heure vers le départ de la randonnée menant au Mont Jacques-Cartier. Du parking, nous décidons de prendre le bus qui permet d'éviter la première partie sans charme de la montée, qui passe par une piste forestière carrossable. De là, un sentier grimpe à travers la forêt. Plus haut, la végétation commence à se raréfier jusqu'à devenir rabougrie (arctique-alpin dit le guide). On se croirait sur un plateau du grand Nord. Le vent sec et glacial qui souffle sans cesse renforce cette impression. Des caribous ont d'ailleurs élu domicile dans ce coin mais nous n'en verrons pas. En moins de 2h, nous atteignons le sommet du mont à 1268 m d'altitude. La vue est splendide sur les montagnes aux alentours.
Nous sommes de retour en début d'après-midi au camping. Pour finir la journée, nous nous promenons jusqu'au Mont Etienne Laforce. Cette randonnée est connue pour offrir des points de vue sur le parc qui permettent de voir facilement des orignaux. Effectivement, nous avons la chance d'en apercevoir (trop loin tout de même pour en prendre en photo).
La matinée suivante, nous effectuons la petite randonnée vers le lac des Américains, seul cirque glaciaire du Quebec. Mais moustiques et moucherons infestent l'endroit et le temps se couvre dangereusement. Nous abrégeons la balade et reprenons la route vers Percé.
Une route, ou plutôt une piste non goudronnée, permet d'atteindre la ville de Gaspé depuis le parc de la Gaspésie en passant par l'intérieur des terres. Pendant des kilomètres et des kilomètres, nous roulons dans la forêt sans croiser âme qui vive. Mieux vaut ne pas tomber en panne ! De Gaspé, nous rejoignons la ville de Percé. Nous sommes au bout de la Gaspésie, bordée par l'océan.
L'une des attractions de la ville est un immense rocher calcaire percé par l'érosion, planté non loin de la côte. Même sans lui, l'environnement de la ville aurait été digne d'intérêt : la baie est verdoyante et bordée de collines aux pentes douces. Le guide touristique indique que Percé, qui a inspiré poètes et artistes, attire les visiteurs du monde entier. Hors saison, la ville est plutôt tranquille. Avec le crachin qui commence à tomber, elle prend des airs de Bretagne.
Nous posons notre voiture et notre tente au camping municipal de Percé. Le point d'accueil est fermé, nous nous installons tout de même. Comme le crachin se transforme en pluie torrentielle, nous partons manger dans un restaurant de la ville, la Maison du Pêcheurs. Au menu : délicieux poissons plus frais que frais !
Le lendemain, le beau temps est heureusement de retour. Nous chargeons le coffre de la voiture et partons du camping, toujours sans avoir vu personne. Nous souhaitons passer la journée à la découverte de l'île de Bonaventure, au large de Percé. Cette île abrite dans ses falaises une importante colonie de fous de Bassan. Nous rejoignons le parking de l'embarcadère.
Depuis hier après-midi, l'ordinateur de bord s'évertue à nous demander de vérifier la pression des pneus, mais nous n'avons pas encore eu le temps d'en tenir compte. Erreur ! Il faut toujours écouter les conseils d'une Pontiac. Au parking, un Québécois qui passe par là nous fait de grands signes : un pneu arrière est à plat. Heureusement, le Québécois nous indique un garage juste à quelques pas de l'embarcadère. Nous y laissons donc la voiture avant d'embarquer sur l'un des bateaux qui conduit à l'île.
Avec le beau temps, nous avons une vue magnifique sur le rocher percé depuis le bateau.
Le bateau fait d'abord le tour de l'île pour nous faire admirer les phoques qui se prélassent sur les rochers et le balai aérien des oiseaux près des falaises qui plongent dans la mer.
Nous débarquons sur la côte Est de l'île. La colonie de fous de Bassan niche sur la côte Ouest bordée par les falaises. Nous empruntons le chemin de randonnée le plus court qui monte dans des sous-bois au coeur de l'île. Nous débouchons soudain à découvert, proche des falaises : c'est là ! Une barrière le long de laquelle nous pouvons nous promener indique le territoire des fous de Bassan. Les oiseaux viennent nicher juste derrière. Ils ne sont pas dérangés par notre présence toute proche car ils savent que nous n'avons pas le droit de la franchir. Il y a des oiseaux à perte de vue, c'est réellement très impressionnant. Au dessus de nous, certains planent paresseusement, jouant avec les courants d'air.
Nous repartons vers l'embarcadère par un chemin qui longe la falaise. Nous apercevons de temps en temps les colonies de phoques en contrebas. De retour sur le continent en début d'après-midi, nous nous attardons au centre d'interprétation de Percé qui propose des expositions autour de la ville et un film intéressant sur la vie des fous de Bassan. En sortant, notre voiture est réparée : nous rejoignons le départ du sentier vers le mont Sainte Anne. Le sommet procure une vue magnifique sur Percé, le rocher et l'île Bonaventure.
En fin de journée, nous partons pour le parc national du Forillon. La route longe l'océan et le coucher de soleil donne de formidables couleurs à la côte
Nous nous sommes tellement attardés que nous arrivons à la nuit noire au camping d'Anse-au-Griffon, à l'entrée du parc national du Forillon. Comme d'habitude, personne n'est à la réception et le camping est quasi vide. Nous avons donc tout loisir de nous installer où nous voulons. Au milieu de notre repas, un 4X4 surgit tous phares dehors : c'est le gérant qui vient faire le tour des paiements avant de repartir.
Le lendemain, nous entrons dans le parc national du Forillon et partons le sillonner à pied. Notre première randonnée nous mène le long de la côte : nous réussissons à observer aux jumelles des phoques, des dauphins et même des rorquals ! Sur terre, nous croisons également un énorme porc-épic. Après la pause déjeuner, nous gravissons le Mont Saint-Alban. Au sommet, une tour d'observation permet d'admirer un panorama à 360° (il ne faut pas avoir le vertige pour y monter...)
En fin d'après-midi, nous avons rendez-vous avec un naturaliste du parc qui propose une sortie sur le thème du castor. Après un exposé sur la vie et les moeurs de cet animal, il nous conduit jusqu'à un lac. Les arbres aux environs portent les marques de l'activité du bâtisseur ; et sa maison de branches se dresse au milieu de l'eau. Le groupe observe dans le silence. Un clapotement nous alerte : le castor est bien là ! L'observation se termine à la tombée de la nuit.
Ce soir, au camping, nous profitons des foyers et grilles disponibles à chaque emplacement de tente pour nous faire un dîner grillades et bières. Le lendemain, nous quittons la Gaspésie : d'Anse en Griffon, nous rejoignons Matane où un "traversier" (ferry qui relie les deux rives du fleuve Saint-Laurent) nous emmène en plus de deux heures à Baie Comeau.
Notre voyage se poursuit à Tadoussac et au fjord de Saguenay.
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