Le Nord de Kyushu

De Tokyo à Hakata, porte d’entrée de l’île de Kyushu, le shinkansen passe par un paysage urbain quasi ininterrompu, fait de grands buildings et de larges routes. C’est la grande mégalopole Tokyo – Kobe de la côte sud de Honshu, l’île principale du Japon, qui contient la majorité des habitants du pays.

A Hakata, nous changeons pour un train semi-express en direction de Nagasaki. On se sent plus à la campagne : petites villes de maisons individuelles à tuiles bleues, rizières, champs. Cependant, le voyage en transports en commun devient difficile : le moindre transfert entre deux points d’intérêt prend a minima 2 heures et les trains sont peu fréquents dans la journée, ce qui nous oblige souvent à nous lever à 6 h du matin !

De toutes les régions du Japon que nous avons visitées, l’île de Kyushu est la seule à posséder des églises catholiques. C’est assez incongru de voir la silhouette familière de ces églises au milieu des maisons traditionnelles japonaises.

1. Nagasaki

Tout comme Hiroshima, Nagasaki a été totalement détruite par la bombe atomique et constitue une ville nouvelle de grands buildings. Les principaux monuments se visitent facilement en une journée : les pentes hollandaises avec les demeures des premiers Occidentaux qui atteignirent le Japon par Nagasaki, le bord de mer, Teramachi et son allée de temples, le quartier commercial Shian-bashi et ses ponts en arche qui enjambent la rivière Nakajima-gawa, le point d’impact de la bombe dans le quartier Urakami et son musée qui s’étend longuement sur les désastres matériels et humains engendrés par la déflagration.

Le soir, nous assistons par hasard à une fête célébrée dans le quartier chinois. Des lanternes en papier sont accrochées dans les rues, tous les commerçants vendent des gâteaux fourrés à la viande. Un autel garni de nourriture, notamment des têtes de cochon, est dressé. Plus tard, des dragons défilent et paradent dans un déferlement de pétards.

Nagasaki Nagasaki - Fete chinoise Nagasaki - Fete chinoise

2. Unzen

Unzen se visite à la journée depuis Nagasaki : train jusqu’à la ville d’Isahaya puis bus.

La région est le siège d’un volcanisme intense. La ville possède un grand nombre de sites de résurgence de sources d’eau chaude. Des volutes de fumée à l’odeur de soufre s’échappent de partout, que ce soit du sol ou des bouches d’égout. Des sentiers aménagés permettent de découvrir les quelques attractions liées à cette forte activité : mares de boue bouillonnante, geysers, etc.

Les sources d’eau chaude sont également une aubaine pour le tourisme : les onsen (établissements possédant des bains alimentés par les sources d’eau chaude) sont pris d’assaut par des cars entiers de vieux Japonais.

Quant à nous, notre objectif est plutôt la randonnée dans le massif volcanique d’Unzen dake. Le cratère actif est tristement célèbre pour ses explosions, qui ont notamment coûté la vie aux vulcanologues français Maurice et Katia Kraft.

Le temps de jeter un coup d’œil aux sources d’eau chaude en plein air et d’attendre l’ouverture de l’office du tourisme, nous ratons de peu le car pour le col de Nita, point de départ des randonnées. Comme le suivant part 2 heures plus tard, nous décidons de nous y rendre à pied. Un sentier monte doucement et agréablement entre forêt et prairie. Au détour du chemin, nous rencontrons parfois un petit sanctuaire shinto ou un magnifique papillon.

Ville d Unzen Mont Unzen Mont Unzen

A l’arrivée au col de Nita, la suite du sentier est noyée dans un brouillard dense. Nous décidons de tenter quand même le coup, en espérant que les sommets soient au-dessus des nuages ! Pour raccourcir, nous empruntons le téléphérique qui nous emmène 300 m plus haut, près du Myoken-dake (dake signifie mont).

Nous nous trouvons juste à la limite des nuages. En fonction du terrain et du vent, nous sommes donc plus ou moins dedans. Le sentier continue maintenant dans une végétation et des arbres très denses. Pour la pause déjeuner, nous gravissons le Kunimi-dake (1347 m). La montée est courte mais très pentue, il faut parfois y mettre les mains. Nous sommes récompensés de nos efforts. A l’arrivée, le brouillard se dégage du cratère actif que nous admirons durant tout le repas.

Mont Unzen Mont Unzen Mont Unzen

Nous croisons quelques Japonais sur les sentiers. Il s’agit quasi exclusivement de retraités, qui ont maintenant le temps de parcourir leur pays. En effet, il est impensable pour un salarié de prendre ne serait-ce qu’une semaine de congés consécutifs. Ils sont donc toujours épatés de savoir que nous restons trois semaines au Japon (mais bon, il faut s’attendre à toute excentricité de la part d’un Occidental !)

Tous les gens que nous rencontrons sont extrêmement sympathiques : la plupart tente de nous parler. Quand ils ne connaissent pas l’anglais et que la conversation se limite à des mimiques et des gestes de la main, certains nous offrent même des bonbons...

Côté équipement, le moindre randonneur japonais est au top : chaussures de montagne et sac à dos derniers cris, pantalon et veste gore-tex, vêtements respirants. Même quand il fait chaud et que nous sortons les shorts, les Japonais restent systématiquement en pantalons et pull à manches longues. Certains portent même des gants blancs (pour éviter de se salir ou de bronzer ??).

Après le Kunimi-dake, nous rejoignons le Fugen-dake (1359 m). Le sentier commence par descendre de façon abrupte et donc la montée à ce sommet est elle aussi pentue. Nous bénéficions encore une fois d’une vue magnifique sur le cratère actif et ses fumerolles.

Puis le brouillard nous rattrape : nous redescendons donc jusqu’au col de Nita à pied avant de rejoindre le bus d’Unzen puis Nagasaki en train.

3. Mont Aso

C’est le coin de randonnée de Kyushu qu’il ne faut pas manquer !

La matinée est consacrée au transfert entre Nagasaki et Aso. De la gare, un bus nous emmène directement en bas du cratère actif de la caldeira, Naka-dake. Nous dédaignons le téléphérique qui monte au sommet et gravissons en moins d’une trentaine de minutes la centaine de mètres de dénivelé qui nous sépare du bord du cratère.

Le spectacle est indescriptible. Un lac d’acide occupe le fond du volcan. Par intermittence, le volcan crache des volutes de fumée (sulfureuse, extrêmement toxique). Un rayon de soleil bienvenu vient magnifier la couleur laiteuse du lac et la pierre volcanique rouge du cratère.

Lac d'acide du mont Aso Lac d'acide du mont Aso Mont Aso

N’est-ce pas dangereux, me direz-vous ? Effectivement, des éruptions du volcan ont causé la mort de plusieurs personnes et il vaut mieux que le vent ne tourne pas quand on est au bord du cratère. Néanmoins, la zone est sécurisée "à la japonaise". Des abris en béton sont prévus en cas d’urgence. Une mesure de la qualité de l’air est effectuée en permanence. Quand elle devient trop mauvaise, une alarme retentit, la zone est évacuée et fermée. Des gardes guettent les changements de vent et surveillent les touristes.

Les cratères éteints des alentours offrent également de belles opportunités de randos. Avec Félix, un Français rencontré dans le bus, nous partons de l’Aso-san pour monter au Kajima-dake (1321 m) avant de revenir au musée du volcan Aso que nous n’avons pas le temps de visiter. Durant la randonnée, la vue sur les cratères et la caldeira est magnifique.

Mont Aso Mont Aso Mont Aso

Nous passons la nuit dans un beau minshuku (pension chez l’habitant) traditionnel du village d’Aso. Le lendemain, nous souhaitons passer la journée à randonner dans le massif du mont Aso, notamment vers le Naka-dake. Nous entamons le parcours mais le ciel se couvre rapidement et le mauvais temps nous rejoint. La visibilité devient réduite. De ce fait, nous rebroussons chemin et partons en train à Beppu.

4. Beppu

Nous atteignons Beppu en milieu d’après-midi. Grâce à ses innombrables sources d’eau chaude, Beppu peut se considérer comme la mecque des onsen (stations thermales). En dehors de çà, la ville est plutôt quelconque et ressemble à n’importe quelle grande agglomération moderne, gratte-ciel et pachinko inclus.

Nous nous payons le luxe de passer la fin de l’après-midi dans un rotemburo (bain en plein air) que nous louons pour notre propre compte (les onsen sont en effet généralement dotés de bains collectifs, hommes et femmes séparés). L’établissement, nommé Mugen no Sato, est perdu dans la nature, il faut une bonne 20aine de minutes de bus de Beppu pour l’atteindre. Ce sont typiquement les sources d’eau chaude à la japonaise telles qu’on les imagine. Pour trouver cet établissement, le mieux est de demander à l'office du tourisme le plan d'accès et les horaires du bus.

Le lendemain matin, nous allons voir l’autre curiosité de Beppu : les jigoku (enfers). Il s’agit de 9 sources d’eau chaude, chacune mise en scène selon un thème particulier. C’est très très kitsch. Nous en avons visité une (Shiraike Jigoku) et renoncé à voir les autres. Honnêtement, nous avons regretté d’y avoir passé une demi-journée (transports compris) plutôt que de tester un autre type de bain (bain de sable par exemple).

L’après-midi nous reprenons le train pour une autre région, le San’in (côte nord de Honshu entre Shimenoseki et Amanohashidate).



Rendez-vous à la page San'in pour la visite de San’in (côte nord de Honshu entre Shimenoseki et Amanohashidate).

Rendez-vous à la page Carnet pratique pour les adresses que nous avons testées et quelques conseils pratiques.

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