Datong et Wutaishan

1. Hebei

Nous avons encore changé de monde en une nuit. Le désert et la steppe ont cédé la place à des champs de maïs et de petites collines. Les maisons et les gares ont perdu leur air soviétique sévère pour se munir d'un toit de style chinois. Il est un peu difficile de dormir car depuis que nous avons pénétré en Chine, le train klaxonne à tout bout de champ. Il prévient les innombrables ouvriers qui travaillent le long de la voie.

Nous quittons le train à 08h à Datong. En sortie de gare, un chauffeur nous attend. Il ne parle pas anglais mais comme il connait bien le parcours, tout se passe bien. Et quand nous avons vraiment besoin de communiquer, il utilise le même truc que Gary le Russe : il téléphone à un ami pour faire la traduction !

Après un petit déjeuner, nous quittons immédiatement Datong. Notre destination est la cité monastique bouddhique de Wutaishan. En chemin, nous faisons plusieurs arrêts, pour de jolis points de vue ou des visites. Nous visitons en premier le Monastère Suspendu. Comme son nom l'indique, il est littéralement accroché à une falaise. C'est très impressionnant. Personnes souffrant de vertige s'abstenir !

Le monastère suspendu Le monastère suspendu Le monastère suspendu

Le site est bondé de touristes chinois. Après les steppes vides de la Mongolie, être pressés de toutes parts par la foule se révèle plutôt surprenant. D'autant plus que les Chinois n'hésitent pas à jouer des coudes ou couper sans vergogne les files d'attente. C'est très énervant mais il faut s'y faire. Autre choc culturel : le crachat. Le pire, ce n'est pas tant l'acte de cracher que son prélude : cette façon répugnante de se racler la gorge !


Nous traversons de nombreuses villes qui se ressemblent toutes : mélange d'hideux bâtiments modernes et de petites maisons délabrées. A un point de vue, se trouve "par hasard" un vieil homme qui vit dans une maison troglodyte. Nous nous sentons obligé de le suivre et visiter son habitation. Nous nous fendons du pourboire obligatoire sans trop de problème, car même si le vieil homme ne parle que chinois, il est très souriant et accueillant.

Rencontre en chemin Rencontre en chemin Ville du Hebei

Nous visitons ensuite la pagode de Mu Ta, l'une des plus anciennes pagodes en bois de Chine. Fait amusant : les billets d'entrée annoncent que la pagode de Mu Ta fait partie des "trois plus merveilleuses pagodes au monde, avec la Tour Eiffel et la Tour de Pise" !

La pagode de Mu Ta La pagode de Mu Ta Chinois

Pour déjeuner, notre chauffeur nous emmène dans un de ces restaurants modernes sans âme conçus pour les touristes, chinois ou étrangers. Grâce à notre traducteur de poche, nous lui expliquons que nous préférons grignoter "un en-cas". Nous faisons donc quelques achats dans une sorte de patisserie qui vend des petits gâteaux sucrés ou salés.

Nous nous enfonçons dans le Hebei. Cette province rurale est caractérisée par sa terre rouge, aussi fine que de la poussière. De loin, nous apercevons des portions de la Grande Muraille, qui s'effrite lentement. Le paysage se fait montagneux, les pentes se couvrent de cultures en terrasse. Nous atteignons Wutaishan en fin d'après midi.

Hebei Hebei Hebei

2. Wutaishan

Wutaishan ("mont aux cind terrasses") est l'une des montagnes sacrées du bouddhisme lamaïque, qui abrite le boddhisatva de la Sagesse Manjusri. La bourgade principale, Taihuan, est située au fond d'une vallée dominée par cinq sommets (nommés les "Terrasses"). Elle contient plus d'une vingtaine de temples. On s'y déplace facilement à pied. Le jour suivant, nous commençons notre visite des sites par le temple de Pusading. Après la période d'ostracisme qui a frappé les religions durant la Révolution Culturelle, le bouddhisme semble ici en pleine renaissance. Les temples, certains fraîchement rénovés, sont très beaux : tuiles vernissées jaunes qui brillent au soleil, délicates peintures murales, portes finement ciselées.

Taihuan Monastère de Pusading Monastère de Pusading
Moine Monastère de Pusading Monastère de Pusading

La foi des groupes de touristes chinois est démonstrative. Ils enchaînent sans overdose visite sur visite. Ils se prosternent devant chaque statue de bouddha, brûlent des brassées de batons d'encens et font tourner les moulins à prière. A tel point que nous nous demandons finalement si cette bigoterie ne tient pas plus de la superstitition que de la véritable foi. Nous croisons aussi des pèlerins qui cheminent vers les temples en se prosternant et frappant leur front par terre tous les deux pas. Ils ont un petit bol où les gens leur laissent un peu d'argent.

Pèlerin mendiant Moine Pèlerin

Nous visitons ensuite le temple de Xiantong, caractérisé par une salle conçue comme une réplique d'un pavillon Mong et plaquée de feuilles d'or. Le gong retentit, c'est l'heure du repas pour les moines : du riz, transporté par seaux entiers.

Monastère de Xiantong Distribution de riz pour les moines Monastère de Xiantong

Nous prenons encore le temps de visiter le temple de Tayuan avant la pause méridienne. Il possède un énorme Dagoda blanc qui est devenu le symbole de Wutaishan.

Dagoba de Tayan Monastère Moine

Pour déjeuner, nous choisissons au hasard un restaurant de la rue principale. Au restaurant, les Chinois commandent un nombre incroyable de plats (qu'ils ne finiront d'ailleurs pas). Ces plats sont disposés au centre de la table, souvent ronde. Ensuite, chacun se sert directement dans les plats. Pour faciliter l'opération, les grandes tables sont munies d'une sorte de plateau tournant central, ce qui permet d'attraper la nourriture située à l'opposé de soi. Les plats étant généralement généreux en sauce et les baguettes pas toujours pratiques, le repas se finit généralement dans un chaos absolu : des bouts de nourriture et des taches de sauce maculent la nappe et parfois le sol ! Du coup, les Chinois ont inventé "la multi-nappe" : la nappe est composée d'un ensemble de couches de plastique très fines. Quand le repas est fini et les plats retirés, la pelure supérieure de la nappe est retirée, roulée en boule avec tous les déchets à l'intérieur et finit à la poubelle. Pas très écologique mais très pratique. Nous testons une sorte de boeuf assez épicé, accompagné de riz, bien sûr. La serveuse est sympa, elle nous traduit la carte en anglais. Nous suscitons la curiosité et nos voisins de table nous offrent saké et cigarettes.


L'après-midi, nous montons sur une petite colline qui surplombe le site, coiffée par le temple de Dailuo. Quatre solutions s'offrent à nous pour cette montée, du moins au plus sportif : le téléphérique, la montée sur un cheval, la montée à pied (en empruntant le sentier des chevaux) et le montée par les escaliers. Le mont n'est pas très haut mais raide, nous choisissons la 3ème solution. D'en haut, la vue sur Taihuan et les montagnes alentours est très belle.

Nous effectuons la redescente par les escaliers. A intervalle régulier, nous croisons : des pèlerins qui se prosternent toutes les 2 marches (certains se motivent avec de la musique lamaïque sur un magnétophone qu'ils transportent dans leur sac à dos) ; des mendiants qui exhibent leur difformité dans l'espoir d'obtenir quelques pièces ; marchands de bijoux et de colichets lamaïques ; vendeurs de champignons séchés (aux propriétés vertueuses ???) ; et le plus surprenant, des vendeurs de pigeons vivants ! Nous nous demandons à quoi ils sont destinés...

Pic Dailuo Pic Dailuo Marchande de champignons séchés

A 16h30, nous retrouvons notre chauffeur en bas du pic Dailuo. Il nous conduit au temple de la Source du Dragon, qui se situe en hauteur à quelques km de distance du centre de Taihuan. L'ensemble monastique est un véritable dédale de temples aux murs gris. La vue sur les monts aux alentours est sympa. Ce temple possède un escalier et un portique sculptés de toute beauté. Ici, pas de touristes chinois : nous pouvons les admirer dans le silence et la tranquillité, un luxe en Chine. Le soleil disparaît déjà derrière les hauts sommets. C'est la fin de notre séjour à Wutaishan.

Temple de la Source du Dragon Temple de la Source du Dragon Temple de la Source du Dragon
Temple de la Source du Dragon Temple de la Source du Dragon Temple de la Source du Dragon

3. Datong

Le lendemain matin, nous retournons à Datong par une route plus directe. C'est la saison du maïs : partout, des vendeurs proposent du maïs cuit. Sur la route, nous croisons des petites voiturettes transportant des chargements incroyables d'épis, qui les doublent en hauteur et en largeur ! Sur les bords de route, les grains sont mis à sécher directement sur le sol.

Après un arrêt repas dans un restaurant pour touristes, nous visitons les grottes de Yungang. 21 grottes renferment les plus anciennes sculptures bouddhiques du pays (environ an 460). Elles sont véritablement exceptionnelles. Les murs sont littéralement couverts de scupltures de toutes tailles, aussi bien des bouddhas gigantesques que des petits personnages à l'expression changeante et réaliste. Certaines grottes n'ont pas un un cm² de pierre laissé brut. Dans d'autres, les sculptures ont gardé leurs couleurs d'origine, rouge, bleu et ocre.

Grottes de Yungang Grottes de Yungang Grottes de Yungang
Grottes de Yungang Grottes de Yungang Grottes de Yungang

En fin d'après-midi, notre chauffeur nous quitte à l'hôtel à Datong. Ici plus qu'à Pékin, nous sentons le changement à marche forcé qui anime toute la Chine. En 2 jours, l'une des grandes artères de la ville a été bordée d'arbres adultes ! C'est tout simplement stupéfiant.

Le lendemain, nous passons notre journée dans la ville. Il s'agit d'une grande métropole industrielle plutôt délabrée. Nous visitons les quelques points d'intérêt de la ville, dont le mur d'entrée d'un temple aujourd'hui disparu, orné de neuf dragons. Pas fameux. La promenade dans la ville est éprouvante : circulation automobile dense, pollution, poussière ; nous attirons la curiosité, certains viennent nous dévisager comme si nous étions des bêtes curieuses ! Nous trouvons un café internet pour consulter nos mails, mais durant tout le temps, un Chinois reste planté derrière nous à regarder les sites que nous consultons...

Datong Datong Mur aux 9 dragons à Datong

Le lendemain matin, nous reprenons le train direction Pékin. Il s'agit cette fois-ci d'un train "standard", ce qui rend le voyage bien plus pénible qu'en train à compartiment couchettes. Les banquettes (face à face) sont composées de 3 places: les plus gros débordent sur les voisins et il n'y a pas la place d'allonger ses jambes. Le wagon est surchauffé, à cela vient bientôt s'ajouter les odeurs de nourriture. Ca crie et ca hurle de partout. A 14h30, nous sommes heureux de quitter le train.


Nous voici à notre destination finale : Pékin !




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